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La plupart des études réalisées chez les personnes âgées dans les milieux institutionnels ou hospitaliers excluent les patients qui ne peuvent plus marcher ou qui sont grabataires. De plus, elles n’évaluent pas systématiquement la force musculaire. Ceci conduit systématiquement à une sous-estimation de la prévalence de la sarcopénie. Des chercheurs du Centre médical de santé de la région de Tamana (Japon), ont étudié la prévalence de la sarcopénie chez la personne âgée. Cette prévalence a été étudié en fonction de leur niveau de mobilité. Cette étude est la première à s’intéresser à la prévalence de la sarcopénie chez les personnes âgées hospitalisées en prenant en compte leur niveau de mobilité.
Les chercheurs ont ainsi mesuré la masse musculaire par bio-impédancemétrie et la force musculaire par un dynamomètre de 778 patients hospitalisés âgés de 83 ± 8,3 ans. Le niveau de mobilité a été évalué selon l’index de Barthel. Les patients ont été divisés en quatre groupes de niveau : les personnes dépendantes, celles ayant besoin d’aide pour marcher, celles en fauteuil roulant et enfin les personnes immobiles et complètement dépendantes.
Leurs résultats montrent que :
- Un faible niveau de mobilité est associé à un âge avancé, un IMC faible (inférieur à 21 kg/m2). Mais il est également lié à la dénutrition, à la démence et à l’apparition de comorbidités.
- L’indice de masse musculaire et la force musculaire diminuent avec le niveau de mobilité.
- Une augmentation du risque d’apparition de sarcopénie est observée chez les patients ayant besoin d’aide pour marcher.
- La prévalence de la sarcopénie pour les deux sexes est de 57,9%. Pour les groupes qui marchent seuls, elle est de 76,1%, contre 89,4% pour ceux qui nécessitent de l’aide. Et enfin elle est de 91,7% pour ceux qui sont en fauteuil ou encore immobilisés.
En conclusion, la réduction de la mobilité est un facteur de risque indépendant de la diminution de l’indice de masse musculaire. Cette diminution entraîne souvent l’apparition de sarcopénie. Ainsi, plus le patient aura une mobilité réduite, plus la prévalence de la sarcopénie sera haute.
En conséquence, la sarcopénie devrait être diagnostiquée et prise en charge dès les premiers signes d’une réduction de mobilité. Et cela particulièrement chez les personnes de plus de 60 ans. C’est-à-dire dès la suspicion de la présence d’une fragilité. Rappelons que chez une personne de plus de 50 ans, la présence d’une fragilité est soupçonnée en cas de l’une de ces situations :
- perte de poids involontaire de plus de 4,5kg ou ≥ 5 % du poids depuis 1 an,
- épuisement ressenti,
- vitesse de marche ralentie,
- baisse de la force musculaire ou sédentarité (moins de 2 h d’activité physique par semaine).
Cette fragilité doit conduire à un examen gériatrique plus approfondi. Il est important d’agir avant que la fragilité n’évolue en dépendance.
En effet, les séniors fragiles présentent des limitations fonctionnelles et une baisse des capacités d’adaptation ou d’anticipation. La fragilité peut évoluer vers une perte d’autonomie, mais peut aussi être stabilisée par des interventions appropriées. Une alimentation suffisante et équilibrée et une activité physique adaptée sont des facteurs essentiels (cliquer ici pour plus de détails).
Source: Keisuke Maeda, Hiroshi Shamoto, Hidetaka Wakabayashi. Junji Akagi. Sarcopenia Is Highly Prevalent in Older Medical Patients With Mobility Limitation Comparisons According to Ambulatory Status. Nutrition in Clinical Practice Vol 32, Issue 1, Feb 2017, 110-115.
Image : “human-874979_640”, mise à disposition selon les termes de la licence Pixabay.